Depuis le 1er janvier 2017, les salariĂ©s peuvent bĂ©nĂ©ficier dâun congĂ© de proche aidant. Ce congé permet Ă un salariĂ© ayant un an dâanciennetĂ© dans lâentreprise de cesser son activitĂ© professionnelle ou de la rĂ©duire afin de sâoccuper dâune personne handicapĂ©e ou en perte dâautonomie.
Le congĂ© de proche aidant a remplacĂ© le congĂ© de soutien familial en Ă©largissant ses bĂ©nĂ©ficiaires (absence de liens familiaux avec la personne aidĂ©e) et en assouplissant ses modalitĂ©s dâutilisation (possibilitĂ© de fractionner le congĂ© ou de lâexercer Ă temps partiel). Il a Ă©tĂ© instituĂ© par la loi du 28 dĂ©cembre 2015 portant adaptation de la sociĂ©tĂ© au vieillissement, puis modifiĂ© par la loi Travail dite Macron du 8 aoĂ»t 2016.
Le dĂ©cret dâapplication du 18 novembre 2016 a permis lâentrĂ©e en vigueur au 1er janvier 2017 de ce dispositif amĂ©liorĂ© visĂ© aux articles L 3142-16 Ă L 3142-27 du Code du travail.
Quâest-ce que le congĂ© de proche aidant ?
Le congĂ© de proche aidant permet au salariĂ© de suspendre son contrat de travail pour s’occuper d’un proche prĂ©sentant un handicap ou une perte d’autonomie d’une particuliĂšre gravitĂ©. Lâobjectif est de permettre au proche aidant dâĂ©quilibrer lâaide apportĂ©e dans le cadre de sa vie personnelle avec les contraintes de sa vie professionnelle, lorsquâil devient Ă©vident que le proche en perte dâautonomie devient prioritaire.
Qui peut en bénéficier ?
Tout salariĂ© ayant au moins un an dâanciennetĂ© dans lâentreprise, quâil soit membre de la famille de la personne aidĂ©e ou quâil entretienne avec elle des liens Ă©troits et stables. La personne aidĂ©e doit quant Ă elle rĂ©sider en en France de façon stable et rĂ©guliĂšre, ce qui exclut de fait tout parent rĂ©sidant Ă lâĂ©tranger.
La loi Ă©numĂšre les membres de la famille qui sont concernĂ©s et envisage Ă peu prĂšs toutes les situations : ainsi le salariĂ© peut demander un congĂ© de proche aidant pour ĂȘtre prĂ©sent auprĂšs de :
– son conjoint, concubin ou partenaire liĂ© par un Pacs ;
– un ascendant, un descendant ou un enfant dont il assume la charge au sens de l’article L 512-1 du CSS ;
– un collatĂ©ral jusqu’au quatriĂšme degrĂ© (frĂšre ou sĆur, neveu ou niĂšce, oncle ou tante, cousin germain, grand-oncle ou grand-tante, petit-neveu ou petite-niĂšce).
La notion d’enfant Ă charge est indĂ©pendante de tout lien juridique existant entre le proche aidant et l’enfant Ă charge, dâoĂč le fait que le lĂ©gislateur ait choisi de mentionner Ă la fois le descendant et lâenfant Ă charge. La notion dâenfant Ă charge est une notion de fait qui vise la charge « effective et permanente de lâenfant » et de ses besoins Ă©ducatifs, financiers et affectifs.
Afin de coller Ă la rĂ©alitĂ© pratique et quotidienne des salariĂ©s et Ă lâĂ©volution de la sociĂ©tĂ©, le lĂ©gislateur prĂ©voit dĂ©sormais que le proche aidĂ© puisse Ă©galement ĂȘtre une personne ĂągĂ©e ou handicapĂ©e avec laquelle le salariĂ© rĂ©side ou avec laquelle il entretient des liens Ă©troits et stables, Ă qui il vient en aide de maniĂšre rĂ©guliĂšre et frĂ©quente, Ă titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activitĂ©s de la vie quotidienne.
Comment sâeffectue la demande ?
Le congĂ© dĂ©bute ou est renouvelĂ© Ă l’initiative du salariĂ©.
Lâaccord dâentreprise ou de branche doit dĂ©terminer les dĂ©lais dans lesquels le salariĂ© informe son employeur de son dĂ©part en congĂ© ou du renouvellement de celui-ci.
A dĂ©faut dâaccord, le dĂ©cret du 18 novembre 2016 prĂ©voit quâune telle information est faite au moins un mois avant le dĂ©but du congĂ© (au lieu de deux mois antĂ©rieurement), par tout moyen confĂ©rant date certaine. Il est donc conseillĂ© au salariĂ© dâeffectuer sa demande par courrier recommandĂ© avec accusĂ© de rĂ©ception ou par lettre remise en main propre contre dĂ©charge.
Dans sa demande, le salariĂ© doit prĂ©ciser la durĂ©e maximale du congĂ© quâil entend prendre ainsi que la date de son dĂ©part en congĂ©.
Il doit également joindre à sa demande les documents suivants :
– une dĂ©claration sur lâhonneur du lien existant entre lui et la personne aidĂ©e,
– une dĂ©claration sur lâhonneur relative au fait de nâavoir jamais bĂ©nĂ©ficiĂ© prĂ©cĂ©demment dâun congĂ© de proche aidant, ou de la durĂ©e pendant laquelle il a bĂ©nĂ©ficiĂ© de ce congĂ©,
– lorsque la personne aidĂ©e est handicapĂ©e, une copie de la dĂ©cision prise en application de la lĂ©gislation de sĂ©curitĂ© sociale ou d’aide sociale subordonnĂ©e Ă la justification d’un taux d’incapacitĂ© permanente au moins Ă©gal Ă 80 %,
– lorsque la personne est en perte dâautonomie, une copie de la dĂ©cision d’attribution de l’allocation personnalisĂ©e d’autonomie.
En cas de demande de renouvellement et en lâabsence de dispositions conventionnelles, le dĂ©lai de prĂ©venance est de 15 jours avant la date du terme initialement prĂ©vu, Ă lâexception des renouvellement non successifs. Le salariĂ© doit alors respecter le dĂ©lai de prĂ©venance initial (un mois dans le cadre des dispositions supplĂ©tives) pour chacune de ses demandes.
Lâemployeur peut-il refuser cette demande ?
Le congĂ© de proche aidant est de droit dĂšs lors que le salariĂ© remplit les conditions dâanciennetĂ© et de lien avec la personne aidĂ©e. Il en rĂ©sulte lâimpossibilitĂ© pour lâemployeur de refuser le congĂ© ou mĂȘme de le reporter.
En cas de refus de lâemployeur dâautoriser le dĂ©part du salariĂ© en congĂ©, le salariĂ© peut saisir le conseil de prudâhommes pour contester cette dĂ©cision, lequel statue en la forme des rĂ©fĂ©rĂ©s en dernier ressort.
Et si la situation devient urgente ?
Le législateur a prévu que le salarié puisse bénéficier immédiatement du congé de proche aidant, sans respecter de délai de prévenance, dans les situations suivantes :
– dĂ©gradation soudaine de l’Ă©tat de santĂ© de la personne aidĂ©e ;
– situation de crise nĂ©cessitant une action urgente du proche aidant ;
– cessation brutale de l’hĂ©bergement en Ă©tablissement dont bĂ©nĂ©ficiait la personne aidĂ©e.
Dans ces hypothĂšses, le salariĂ© devra fournir un certificat mĂ©dical dâun mĂ©decin attestant de la situation ou une attestation du directeur de lâĂ©tablissement dans lequel Ă©tait hĂ©bergĂ©e la personne aidĂ©e. Sous rĂ©serve que le salariĂ© fournisse immĂ©diatement le justificatif exigĂ©, on peut donc imaginer quâil puisse quitter lâentreprise du jour au lendemain, puisque le dĂ©cret prĂ©cise que le congĂ© peut dĂ©buter « sans dĂ©lai ».
Quelle est la durée du congé de proche aidant ?
Il revient en principe Ă lâaccord collectif dâentreprise ou, Ă dĂ©faut, Ă lâaccord de branche de fixer la durĂ©e maximale du congĂ©, ainsi que le nombre de renouvellements possibles. On rappellera que sâagissant de dispositions relatives aux congĂ©s, lâaccord collectif dâentreprise prime dâores et dĂ©jĂ sur lâaccord de branche, comme cela a Ă©tĂ© prĂ©vu par la loi Travail.
Le Code du travail prĂ©cise que, en lâabsence de dispositions conventionnelles, la durĂ©e maximale du congĂ© est de 3 mois renouvelable. Lâaccord collectif pourra ĂȘtre plus favorable ou moins favorable que la loi sur ce point.
En revanche, il est prĂ©vu que le congĂ© ne puisse excĂ©der, « renouvellement compris, la durĂ©e d’un an pour l’ensemble de la carriĂšre.
La question reste posĂ©e de savoir si un salariĂ© ayant dĂ©jĂ bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun congĂ© de soutien familial devra tenir compte de cette pĂ©riode sâil souhaite ensuite bĂ©nĂ©ficier dâun congĂ© de proche aidant. La jurisprudence pourra Ă©ventuellement ĂȘtre amenĂ©e Ă y rĂ©pondre. Le congĂ© de proche aidant Ă©tant seulement une nouvelle version amĂ©liorĂ©e du congĂ© de soutien familial, il est probable que la rĂ©ponse soit affirmative.
Quelle forme peut prendre le congé ?
Le congĂ© de proche aidant peut ĂȘtre pris Ă plein temps, ou transformĂ© en pĂ©riode dâactivitĂ© Ă temps partiel ou fractionnĂ©e. Dans ces deux derniers cas, le salariĂ© doit obtenir lâaccord de lâemployeur et respecter le mĂȘme dĂ©lai de prĂ©venance que pour une demande de congĂ© Ă plein temps. Dans les situations, il peut Ă©galement obtenir la transformation de son congĂ© sans dĂ©lai, sous rĂ©serve de fournir le justificatif demandĂ©.
La durĂ©e minimale de chaque pĂ©riode de congĂ©, en cas de fractionnement, est dâune journĂ©e et le dĂ©lai de prĂ©venance de 48 heures.
Quel est le statut du salarié pendant la durée du congé ?
Pendant le congĂ©, le contrat de travail du salariĂ© est suspendu (sauf activitĂ© Ă temps partiel) et son absence nâest pas rĂ©munĂ©rĂ©e, sauf dispositions conventionnelles plus favorables. On peut imaginer que le salariĂ© puisse Ă©galement utiliser les droits Ă©pargnĂ©s sur un compte Ă©pargne temps pour compenser en partie ou totalement la perte de rĂ©munĂ©ration pendant cette absence.
Le salariĂ© ne peut exercer aucune autre activitĂ© professionnelle, mais il peut cependant ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ© en tant quâaidant familial. Il bĂ©nĂ©ficie, pendant toute la durĂ©e du congĂ©, de la prise en charge de ses frais de santĂ© au titre de la protection universelle maladie applicable depuis le 1er janvier 2016 et de lâaffiliation gratuite Ă lâassurance vieillesse du rĂ©gime gĂ©nĂ©ral, sur production Ă lâorganisme dĂ©biteur des prestations familiales dâune attestation de lâemployeur. Il bĂ©nĂ©ficie Ă©galement du maintien de ses droits aux prestations en espĂšces des assurances maladie, maternitĂ©, invaliditĂ© et dĂ©cĂšs.
Pendant cette absence, le salariĂ© conserve le bĂ©nĂ©fice de tous les avantages quâil avait acquis au sein de lâentreprise. Par ailleurs, la durĂ©e du congĂ© est prise en compte intĂ©gralement pour la dĂ©termination des avantages liĂ©s Ă lâanciennetĂ© et pour le calcul des heures portĂ©es sur le compte personnel de formation.
En revanche, sauf dispositions conventionnelles plus favorables, la durĂ©e du congĂ© nâest pas assimilĂ©e Ă du temps de travail effectif pour le calcul de la durĂ©e des congĂ©s payĂ©s.
Le congé de proche aidant peut-il se terminer avant le terme initialement prévu ?
Oui, cela a Ă©tĂ© prĂ©vu dans les situations suivantes et uniquement dans celles-ci, ces dispositions relevant de lâordre public :
– dĂ©cĂšs de la personne aidĂ©e ;
– admission dans un Ă©tablissement de la personne aidĂ©e ;
– diminution importante des ressources du salariĂ© ;
– recours Ă un service d’aide Ă domicile pour assister la personne aidĂ©e ;
– congĂ© de proche aidant pris par un autre membre de la famille.
Le salariĂ© adresse Ă lâemployeur une demande motivĂ©e, câest-Ă -dire qui lâinforme du cas lĂ©gal qui le conduit Ă interrompre son congĂ©. Il y joint nĂ©cessairement un justificatif. A dĂ©faut de disposition conventionnelle, sa demande est transmise Ă lâemployeur par tout moyen confĂ©rant date certaine (lĂ encore il conviendra de privilĂ©gier le courrier recommandĂ© ou la lettre remise en main propre), un mois avant la date Ă laquelle il souhaite reprendre son poste. Le dĂ©lai est ramenĂ© Ă deux semaines en cas de dĂ©cĂšs de la personne aidĂ©e.
Quelle est la situation du salariĂ© Ă lâissue du congĂ© ?
Ă lâissue du congĂ© ou de la pĂ©riode dâactivitĂ© Ă temps partiel, le salariĂ© retrouve son emploi ou un emploi similaire assorti dâune rĂ©munĂ©ration au moins Ă©quivalente ainsi que le bĂ©nĂ©fice de tous les avantages quâil avait acquis avant le dĂ©but du congĂ©.