Imaginez être licencié par votre employeur juste après avoir subi
une agression de la part de l’un de vos collègues. C’est la malencontreuse
aventure vécue par Nicolas (prénom d’emprunt) en novembre dernier. Le jeune homme de 22 ans devait nous raconter son histoire, mais il a finalement préféré laisser parler son avocat Christophe Marciano.
Jusqu’à cette fameuse agression, cela faisait près de 2 ans que Nicolas
occupait un emploi dans la maintenance au sein d’une entreprise
aéronautique à Cornebarrieu.
« Pendant ses heures de travail, un collègue l’a insulté puis lui a mis une gifle, raconte son avocat. Il a signalé les faits à l’un de ses supérieurs puis il est rentré chez lui, sous le choc. » Et c’est là qu’il commet l’erreur qui
a abouti à son licenciement.
« Mon client a écrit un mail à son employeur. Il a voulu expliquer qu’en cas de nouvelle agression, il se défendrait mais il l’a fait en des termes maladroits. »
« Aussi, je vous informe que, uniquement dans le cadre de la légitime défense, je ferais usage d’une arme blanche pour me défendre, mais
pas pour attaquer », écrit-il.
Convoqué cinq jours après son agression, le voilà convoqué à un entretien préalable au licenciement pour « menaces ». Pour l’avocat toulousain, « l’employeur aurait dû faire preuve de discernement ».
« Il n’a menacé personne, il a demandé que cela ne se reproduise pas, et on le licencie pour faute grave. » Nicolas devrait porter plainte ces jours-ci contre son employeur et son agresseur. Ce dernier serait toujours en poste.
Le Conseil des Prud’hommes a également été saisi. « Je rappelle le principe de la proportionnalité de la sanction. Un employé est licencié à la plus grande sanction possible suivant des motifs discutables.
L’agresseur, lui, n’a pas été sanctionné à la hauteur des sanctions de son collègue. Je demande donc la nullité du licenciement sur la base d’un article
du Code du travail : la liberté d’expression a été bafouée. »